L’intelligence artificielle au service de la Justice : une stratégie opérationnelle et éthique
Le 23 juin 2025, le rapport « L’IA au service de la Justice : stratégie et solutions opérationnelles » a été remis au Garde des sceaux, Gérald Darmanin, par Haffide Boulakras, directeur adjoint de l’École nationale de la magistrature (ENM). Ce document marque une étape décisive dans la transformation numérique du système judiciaire français.
🟠 I. Une approche pragmatique, loin de la justice prédictive
Le rapport écarte volontairement la justice prédictive, jugée inadaptée aux enjeux actuels, pour privilégier des usages concrets et maîtrisés de l’IA. L’objectif est clair : améliorer l’efficacité du service public tout en respectant les principes fondamentaux de l’État de droit.
Trois axes structurants guident cette stratégie :
- Démocratiser l’IA pour tous les métiers de la Justice, avec des outils accessibles et utiles au quotidien.
- Préserver la souveraineté technologique, notamment via un hébergement conforme aux normes SecNumCloud.
- Accompagner les professionnels avec des formations adaptées, un encadrement éthique et un label « IA digne de confiance».
🟠 II. Des outils concrets dès 2025
Un assistant IA souverain sera déployé dès cette année pour aider les magistrats et agents dans leurs tâches de rédaction, recherche et synthèse. À partir de 2026, douze cas d’usage prioritaires bénéficieront d’outils spécifiques : retranscription d’audiences, orientation de procédures, aide à la recherche juridique, etc.
🟠 III. Un cadre éthique et juridique renforcé
Le rapport prévoit la création d’un Observatoire de l’IA, chargé de piloter la stratégie et d’assurer un suivi éthique. Une charte d’usage et un arbre décisionnel juridique seront mis à disposition pour garantir la conformité des projets IA. Le campus du numérique formera les agents aux enjeux techniques et déontologiques liés à l’IA.
🟠 IV. Une transformation pilotée et progressive
La feuille de route s’étale sur trois phases : premiers déploiements en 2025, renforcement des formations en 2026-2027, puis consolidation des usages à partir de 2027. Cette montée en puissance vise à faire de l’IA un pilier du service public de la Justice, tout en assurant la qualité des données et l’interopérabilité des systèmes.
🟠 Conclusion : cette stratégie marque un tournant décisif dans l’évolution de la Justice française. En misant sur une IA souveraine, éthique et opérationnelle, le ministère entend moderniser durablement l’institution tout en respectant les principes fondamentaux du droit. À l’heure où les défis technologiques s’intensifient, l’ambition affichée est claire : faire de l’intelligence artificielle un levier de performance au service de la Justice et de ses acteurs.
Pour en savoir plus / sources : https://www.justice.gouv.fr/actualites/actualite/remise-du-rapport-lintelligence-artificielle-au-sein-justice https://www.justice.gouv.fr/sites/default/files/2025-06/rapport_ia_au_service_de_la_justice_0.pdf |
L’intelligence artificielle au service de la Justice : une stratégie opérationnelle et éthique Le 23 juin 2025, le rapport « L’IA au service de la Justice : stratégie et solutions opérationnelles » a été remis au Garde des sceaux, Gérald Darmanin, par Haffide Boulakras, directeur adjoint de l’École nationale de la magistrature (ENM). Ce document marque une étape décisive dans la transformation numérique du système judiciaire français.
Loi anti-narcotrafic du 13 juin 2025 : une ambition freinée par la censure constitutionnelle. Adoptée dans un contexte d’urgence face à l’essor du narcotrafic en France, la loi du 13 juin 2025 visait à doter les autorités judiciaires et administratives de nouveaux outils pour lutter contre les réseaux criminels(I). Mais, si le texte a été promulgué, il n’a pas échappé au contrôle du Conseil constitutionnel, qui a censuré six de ses dispositions, dont les articles 5 et 15 (II).
L’intelligence artificielle (IA) transforme notre quotidien, mais son développement repose souvent sur l’exploitation de données personnelles. Dans ce contexte, la CNIL a publié, le 19 juin 2025, de nouvelles recommandations pour encadrer l’usage de la base légale de l’« intérêt légitime » pour le développement de systèmes d’intelligence artificielle. Ces recommandations visent à concilier innovation technologique et respect des droits fondamentaux. Ainsi, deux nouvelles fiches pratiques ont été publiées sur l'intelligence artificielle. La première précise les conditions d'usage de la base légale de l'intérêt légitime pour développer un système d'IA (I) et la seconde traite plus spécifiquement de la collecte de données via "moissonnage" ou "web scraping (II)
Le European Accessibility Act (EAA) – ou directive européenne sur l'accessibilité – entre en application le 28 juin 2025. Ce texte vise à renforcer l’égalité d’accès aux biens et services pour les personnes en situation de handicap, en imposant des obligations nouvelles aux entreprises privées. Il s’agit d’un changement profond dans la manière de concevoir et de fournir les produits et services numériques sur le marché européen.